1. |
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PREMIERS PAS DE LA JOURNÉE
rue du printemps je marche
vers le chaos du soleil
vers les excès de la terre
au bout d'un rayon blême
mes pas font vibrer la poussière
des corbeaux me saluent au passage
d'un arbre à l'autre
vol plané
le velours noir des ailes
leurs voix ont gardé les accents
de l'enfance et de la nuit des temps
TOUR
une flamme
venue du fond des yeux
monte jusqu’en haut d’une tour
et se loge
dans un coin du ciel
un murmure
devient une mélodie
qui s’élève
au-dessus des humeurs
pour se jouer de la tour
un goût de main
sur l’épaule du matin
soleil respirable
en marche lui aussi
dans le secret des heures
un poème
c’est un jour qui prend son tour
CONVERGENCE
à l'horizon
certains édifices
comme certains rêves
ont la splendeur des récifs
je m'étends sur un banc
où les rêves de jeunesse
rejoignent
le sommeil des êtres brisés
ma respiration
je l’accorde à un souffle de lumière
avec l’enfance des feuillages au soleil
je suis un échangeur de rêves
dans la floraison d’être du monde
MUSICIEN DE LA RIVIÈRE
sur la rive traînent un veston
une cravate comme une couleuvre morte
des souliers vernis
égarés de leur parquet
une mallette enceinte
d’un empire
jambes de pantalon roulées jusqu’aux genoux
les pieds dans la rivière comme un pêcheur
un homme lance des notes de musique
à tous les vents
sur tous les tons
en mordant dans la vie
en jouant du saxophone
dans ses cheveux sagement coupés
la grisaille se met à briller au soleil
il devient le souffle d’une brise marine
sa musique se répand dans les feuillages
accompagne les promeneurs
fait chanter le paysage
et remet en marche des idées arrêtées
L'ESPACE D'UNE VIE
des animaux minuscules bougent à peine
dans les grands rectangles verts
ici et là
une maison
quelques arbres
plus grands que la maison
et un mince chemin de terre
de quoi tenir lieu d’univers
de quoi tenir
avec les pâturages et les champs
l’espace d’une vie
pour plusieurs générations
un filet d’eau bleue
dans l’horizon montagneux
et des étendues frémissantes
teintées d’herbes et de feuillages
sous l’éboulis des nuages
quelques éperviers
comme des cerfs-volants noirs
dans le silence de cet escarpement
où je me suis arrêté au bout d’un sentier
l’espace d’un moment
parfois monte aussi
une chanson
transportée par le vent
MÉLODIE DES BOIS
un autre sentier
une autre mélodie
je l’entends
de plus en plus clairement
elle me guide
entre les feuillages
la terre sous mes pas prend la douceur de l’air
ce violon n’a rien d’un sanglot long
il chante avec les cigales
la chaleur de l’été
la saveur des fruits sauvages
les rires de plaisir
les corps en joie des âmes en peine
dans l’effervescence de ces jours
qui s’attardent
sous les draps du soleil
le sentier débouche sur la rive déserte
partout autour de l’eau
dans les arbres
dans les escarpements rocheux
un violon vibre
de toutes ses cordes
GRISERIE
jour de plage sous la pluie
les collines ont le regard embué
dans les pas
des gouttes tournent en rond
le sable s’enfouit sous les nuages
désertée par le soleil
et sa foule de disciples
la plage s’offre en silence
à l’averse
de vagues constructions de sable
s’effritent
le rivage retrouve son mystère
des silhouettes se meuvent
derrière un rideau de douche
HARMONIE D'ÉTÉ
après la pluie il faisait encore plus chaud
le ciel s'était dégagé rapidement
je gravissais
par grandes enjambées
les escaliers d'un sentier autour d'un lac
les feuillages à leur plus vert dégoulinaient
sous un ciel tout bleu
avec un bruit léger comme un murmure
à l'approche du crépuscule
je ruisselais de sueur jusqu'au sol
en parfaite harmonie
avec les restes de pluie tombant de partout
MARCHER AVEC LA LUNE D'AUTOMNE
douceur infinie d’un soir d’automne
la lune imprègne l’air de sa présence
dessine des ombres au fusain
peint des flaques de lumière veloutée
étoiles vives et feuilles moites
sur les trottoirs
pendant que les océans dansent
sur sa musique secrète
je marche avec la lune
dans l’enchantement d’un moment donné
offre ton visage
à cette clarté de spectre
sois à la hauteur
des légendes de la pleine lune
la ville ouvre son coffret à bijoux
pour couvrir ton être mis à nu
et cette sensation dans l’air
qui sait
si l’ombre ne diffuse pas ainsi
les plus beaux chants des poètes oubliés
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2. |
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CONFIDENCE
parfois
j'écris juste pour partager le beau temps
une flotte d’outardes
une mère et ses petits
sur le roulis des rapides
le bouillonnement de vie du soleil
ses clins d’oeil dans l’écume
les chuchotements amoureux du courant
JEUNE MAGICIEN DU HASARD
échappant un instant
à la vigilance des parents
un garçon s’approche de la rivière
couverte du reflet des nuages
voix haute voix basse
la mise en garde des adultes
leurs visages à la fois inquiets et rassurants
et de l’autre côté
la berceuse infinie de l’eau
les mille chuchotements
d’un monde invisible
le garçon promet de ne pas sauter
il veut seulement toucher
au moment où il pose un doigt sur l’eau
un rayon de soleil perce les nuages
la rivière passe de l’ombre à la lumière
ENVOL
le soleil flambe sur l’eau comme un désir
des nuages roulent avec le courant
la vie passe et dure en même temps
adhère à la beauté
sans arrière-pensée
toute l’écume de la planète
envie
rage
extase
et la salive de nos bouches meurtries
se donnent rendez-vous ici
dans les rapides
prennent forme des oiseaux blancs
aux ailes de cendre
ENCHANTERESSE
les yeux fermés
un chapeau sur ton ventre
tu es là étendue sur des roches brisées
mains derrière la tête
un après-midi de grâce en été
chevelure à la dérive sur les épaules
la rivière fait des vagues
sous la poussée des rapides
les manches courtes de ta robe bleue
aux motifs d’aube et de couchant
ont glissé sous tes aisselles
l’eau gicle dans un fracas de goélands
et vient caresser tes pieds
ta robe déboutonnée
remontée au-dessus des cuisses
pour offrir tes jambes entières au soleil
le vent fait la sieste dans les arbres
les nuages se retirent du ciel
comme de ton regard
quand tu tournes vers moi
étendu à tes côtés
un œil rempli de la lumière du jour
LES PLUS BEAUX AIRS
l’été joue pour toi ses plus beaux airs
glisse sur ta peau
une présence parmi les pierres
montre-toi
demande la rivière
les pieds du soleil
dans les remous des nuages
ton corps appartient à la nuit
mais tu survis à la peur
montre-moi
implore la rivière
l’eau emporte quelques cendres
en chantant les plus beaux airs de la vie
le monde prend la teinte du mystère
MYSTÈRE
dans les bruits de l’eau
il me semble entendre
quelqu’un se débattre
personne en vue
un fantôme
soudain
monte une longue note
hors de tout solfège
la vibration d’une cigale
et la rivière poursuit son chant secret
à tous les temps
LA TOMBÉE
une brume légère s’élève des arbres
tombés dans la rivière sans éclaboussure
le gris du ciel s’accouple à la nuit
les oiseaux disparaissent
un à un
leurs chants diminuent
peu à peu
bientôt on n’entend plus que des gouttes de pluie
se détacher des feuilles où elles étaient restées
après les averses de la journée
des gouttes de pluie
mêlées
à la rosée
les collines
avec leurs variations de verdure
s’enfoncent sans bruit
dans la pénombre
comme nos corps
dans l’eau
j’embrasse la rivière
sur ta bouche
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3. |
L'eau et le feu
03:40
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JOUR DIT
aujourd’hui
jour que je choisis de dire
d’arracher
à l’engloutissement du soleil
en le prenant à bras-le-corps
comme un seul moment d’extase
invité à se prolonger
sur les ailes de la mémoire
on peut l’entendre
ce jour
dans l’écho des oiseaux
qui chantent leurs noms à l’infini
et peut-être aussi les nôtres
ÉLÉVATION
le jour fait la paix avec la nuit
dans le ciel un carnage à l’eau de rose
un chien errant
sur la piste de son souffle
se change en loup de buée frémissante
un nuage en forme d’outarde
chante la joie d’une voix grave
passe par-dessus la tête des routines
encabanées
dans la raison de ne pas être
SOURIRE
dans l’inoubliable sensation de vivre
trois lièvres passent en courant
la pelouse
entonne
un air de fête
fragile
les arbres emmêlent leurs branches
au soir qui vient
ciel taché de fraises
POUSSÉE
la lumière fait muer les nuages
contrairement aux arbres fruitiers
le soleil fleurit à son déclin
et nous devons trouver nos langages
comme les arbres donnent leurs fruits
simplement
sous la poussée lente
et intense
d’un jardin de braises
PELURES
le jour se défait de ses pelures de pomme
des enfants jouent dans l’espace-temps
plantent des branches comme des drapeaux
sur des territoires blessés
la fée des moissons s’arrête un instant
reste en équilibre dans l’air
avant de plonger
dans une autre source d’énergie
ni tout à fait de l’eau
ni tout à fait du feu
le chiffre magique est une parole
DES FLEURS DANS LE CIEL
leurs couleurs douces
présages de beau temps
dans une boule de cristal et de feu
des fleurs dans le ciel
astres inattendus
respirant les bruissements de la vie
elles émergent de la nébulosité des rêves
et de l'oppression des êtres
cette brume du monde
dans la permanence des mouvements du ciel
s'enracine l’éphémère beauté terrestre
de ces fleurs
ALCHIMIE
le ciel déroule des banderoles chamarrées
un paysage de formes fluides
pour annoncer la venue de la nuit
sur le visage du jour
le soleil
une émotion
à feu doux
les arbres se consument
et bourgeonnent en même temps
veines calcinées
pourtant encore pleines de vie
FLAMME
caresses de cuivres
des mains se parlent
des lèvres se touchent
les déguisements traînent sur le plancher
l’aura des êtres nus éclaire les fenêtres
flamme volée à un crématoire
pour allumer les bougies de la fête
dans le mystère du coeur
l’épicentre de la vie
cette flamme pourrait embraser le monde
derrière le verre d’une réalité
fragile et dure
l’image se déforme
s’évapore
retourne à la nuit sans nom et sans visage
la nuit caméléon
où la joie et la douleur
de vivre
chantent ensemble
comme l’eau et le feu
CÉLÉBRATION
le jour et la nuit
entremêlés
aux cendres des nuages
le ciel leur donne une âme
une aura de couleurs
fondue de reflets
faire peau neuve
faire corps avec l’horizon
remonter du bassin du temps écoulé
A CAPPELLA
je flâne au bord de la rivière
je préférerai toujours l'errance à l'erreur
quelque part au fond de moi
dans la musique des rapides
une mélodie est née et prend racine
dans ma tête et dans mon cœur
et coule des lèvres de l'horizon
je suis là à chanter
a cappella
toutes les tristesses et les joies du monde
en une même mélodie
aussi impérieuse qu'improvisée
je suis là à chanter
avec l'eau des rapides
et les feux du couchant
NOVEMBRE AU COUCHANT
au bout des champs
vidés de leurs récoltes
derrière les arbres nus
la dernière lueur du jour
une flamme ronde
dans le regard des nuages
le soleil s’étend sur la terre
se couche sur cette partie de la terre
qui disparaît à l’horizon
et devient une ombre
pour rejoindre la nuit aux ailes de feu
volcan muet
chorégraphie de spasmes
quand le ciel de novembre s’enflamme
les arbres retrouvent leurs couleurs perdues
et cette lumière se rend
jusqu’au printemps
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4. |
La transparence du temps
03:15
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APPEL
au crépuscule une auto est passée
j'ai entendu crier mon nom
mais je ne sais pas qui m'appelait
la route vibre d'échos
au large du temps
dans le souffle des étoiles
et tout ce qui bouge et tout ce qui passe
n'est en quête que d'une caresse
au fond d'un oeil sans âge
à l'horizon
le temps devient transparent
on peut voir le fond de la vie
et passer d’une nuit à une autre
d’année en année
de ce monde
à une terre rafraîchie
BEAUTÉ EN SURSIS
ses cheveux d’asphalte après la pluie
son visage un reflet de nuit jeune
d’une douceur qui appelle les lèvres
à un contact plus fort que la vie
et plus pénétrant que la mort
sous une étoffe noire et décolletée
sa poitrine a la majesté d’un paysage
et tout son corps
le charme d’une vallée
terre fragile
à la merci des machinations lourdes
sa courte silhouette épanouie
aux pieds aussi nus que le moment présent
sous le denim bleu des heures volées
jamais ne résistera
à la gravité des ans
à la dilatation des formes
dans l’accélération du temps
tant et si bien que les hommes la regardent
avec autant de respect que de désir
cette éphémère déesse
si terrestre
qu’elle leur rappelle leur fragilité
ACCÈS
les lampadaires traversent la mort du jour
sortent de leur bulle
pour inventer de nouvelles rues
dans les rides de l’eau
passant du rouge au vert
une épée commence à trembler
dans la main de la nuit
entre les quais déserts
où n’accoste que le regard
jeté par-dessus bord
le décor met alors les êtres au défi
d’accéder
au rang des vivants
PARMI TOUT CE QUI SE PERD
quelques mots
« la voix des crapauds fait vibrer la peau de l’ombre »
quelques mots
oubliés dans un cahier
l’été dernier
« la terre étincelle de lucioles
comme le ciel d’étoiles »
quelques mots
écrits au même endroit
au même temps de l’année
ce soir je n’ai pas entendu les crapauds
et le ciel porte sa veste de nuages
mais la terre étincelle encore de lucioles
qui flottent sur l’herbe noire
avec l’haleine des épinettes
les jours
les nuits
ont fait le tour des saisons
sans altérer ces quelques mots
tout ce qu’ils contiennent d’intemporel
tout ce qui en moi reste intact
tout ce qui demande encore à être créé
parmi tout ce qui se perd
la vie est l’éternel début d’un poème
BRILLER PRÈS DU SOLEIL
la nuit prend par la main le jour épuisé
quelle est cette étoile
qui brille si fort si près du soleil
demande le jour
c’est une planète
c’est Vénus
répond la nuit
je le savais
mais je l’avais oublié
tu ne l’oublieras plus
LA VEILLÉE DES VIVANTS
les lueurs des veilleuses
bougent
avec les ombres des feuillages
je fais partie d’une pantomime
de chaque mouvement de branches
les arbres se remplissent d’émotion
le soir tinte aux portes des maisons
si des gens dorment déjà
en prévision de demain
d’autres clament leur existence dans les rues
comme les lueurs aux fenêtres
UN MORCEAU DE LA NUIT
la couleur du ciel d’été
tard la nuit
quand la lune est pleine
et que les nuages ont disparu
derrière des fenêtres endormies
qui sait s’ils viennent tous des environs
les sons que j’entends
ou si certains ne se glissent pas en douce
en provenance d’un autre monde
un chat traverse la rue
entre ses mâchoires une petite bête
ou un morceau de la nuit
il l’a attrapé comme
un poète saisit le moment
ÉTAT DE GRÂCE
le vent souffle dans un harmonica
des notes de guitares respirent
dans les produits sans nom de l'amour
une mélodie feutrée
sur les lèvres de la folie
séduite par un rêve aux yeux doux
modulations qui défient la mort
pour faire vibrer l'heure éternelle
où enfin nous sommes tous graciés
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5. |
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LA CONQUÊTE D'UN BONHEUR
la roche encore chaude à la tombée du jour
je m’en fais un banc avec un dossier
c’est dur et confortable
une place sous les nuages en feu
vestiges du soleil dessiné dans l’enfance
un lieu où tout est possible
où l’on peut venir au monde à volonté
réinventer la naissance
pour naître à soi cette fois
un peu comme j’avais fait
un après-midi d’été en 1987
en nageant à contre-courant dans les rapides
jusqu’à réussir à m’asseoir dans les roches
à en faire un bain tourbillon naturel
mais surtout un symbole de mes premiers pas
et de la conquête d’un bonheur
plus fort que la douleur
CENTRE DE GRAVITÉ
avec la lenteur des voiliers sur le lac
des oiseaux lèvent et baissent leurs ailes
au rythme où tombe à l’horizon
le gros fruit mauve et pourpre du ciel
l’eau ne fait qu’effleurer les rochers
ses bruits ont la douceur des cris des oiseaux
qui vivent de ce qu’ils trouvent
et n’ont pas à gagner leur droit d’exister
en faisant et refaisant le tour des saisons
je suis descendu en moi avec le soleil
derrière la ligne où finissaient mes jours
jusqu’à découvrir que plus je creusais
plus je voyais le monde à vol d’oiseau
en m’approchant de mon centre de gravité
un chant m’appelait de l’intérieur
à mettre les voiles vers un moi caché
à aller vers les territoires qui m’habitent
MOUVEMENT
l’eau des rapides court en écume d’oiseaux
c’est la vie elle-même en mouvement
s’arrêter permet pourtant de la rattraper
on sort alors des faux chemins
on se met au diapason
le moment présent devient vaste
au cœur du temps qui passe
mais ce moment n’est déjà plus le même
l’eau des rapides court en reflets de crinières
c’est l’univers en expansion
et les chevaux sauvages de l’Île de Sable
au ralenti sous mes paupières lourdes
sautent toutes les clôtures des enclos
pour s’échapper sur la route de tous les temps
ce moment je le prolonge
en restant étendu sur la roche
au plus près de l’origine de la vie
ENTRE DEUX ACCORDS
je me réveille assis dans un fauteuil
je m’étais endormi au son de la pluie
je cherchais de quel instrument jouer
dans le silence entre deux accords de guitare
et le chant des cigales me montait aux lèvres
une sirène dans la nuit m’a alerté
je ne sais pas exactement de quoi
mais dès que son bruit s’est éloigné
celui des gouttes de pluie a repris le dessus
plus tôt durant la soirée
le ciel encore clair étincelait d’étoiles
la lune avait les traits d’un visage aimé
ou d’une divinité du grand écran
je regarde mes guitares endormies
comme des poèmes de Pierre Reverdy
ÊTRE MYTHIQUE
puisque seules les légendes ont droit de cité
il fallait s’emparer de symboles de mythes
et les détourner de leur sens
surtout les plus négatifs
en extirper le venin de la peur
il fallait aussi s’imaginer
en cavaliers du désert
en chiens errants dans la froidure de l’angoisse
en amoureux de la vie dans le secret des dieux
tant d’étés ont depuis soufflé leurs chandelles
le vent de leurs crépuscules tout en douceur
et les rafales de la nature en colère
mais les grillons défient la grogne des moteurs
et je suis encore là à tenir tête
jour et nuit humer la bonne senteur des feuilles
comme elles
essayer de vieillir en beauté
TENIR À UN FIL
sur un autre rocher non loin de moi
un homme lance sa ligne dans l’heure bleue
je ne sais pas si c’est le jour ou la nuit
si c’est encore l’été ou déjà l’automne
parfois les années passées ne pèsent rien
elles ne se fracassent pas contre aujourd’hui
elles ne s’échangent pas contre demain
les jours enfuis reviennent
pour mordre dans le moment présent
dans les fresques du ciel
dans les lignes de nos mains
un réseau routier sans commencement ni fin
aux énigmatiques panneaux indicateurs
nous sommes tantôt les pièces d’un casse-tête
tantôt un problème de géométrie
mais pour l’instant un homme montre à un enfant
le magnifique poisson qu’il vient de pêcher
RENAISSANCE
la haine n’est pas un aliment nourrissant
je préfère penser à ce que j’aime
naviguer à pied dans les paysages
prendre l’air comme on prend le large
élargir mes horizons au fil des pas
refaire le monde en repassant par ici
en regardant mieux par là
les ombres des feuillages qui dansent
sur la portée musicale de la pelouse
comme une fille se met à danser
sur la plage au moment où je reprends ce texte
et que le vent fait tourner les pages
dans mon cahier dès que je pose la plume
pendant que les astres restent en mouvement
et dessinent de nouvelles cartes du ciel
en se fondant les uns dans les autres
avec les jours les lieux l’histoire de nos vies
pour trouver l’endroit et le moment
où il fera bon renaître
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Jean Perron Québec
Écrivain, musicien et artiste visuel, Jean Perron a publié 24 livres en plus de créer entièrement plusieurs albums de pièces instrumentales, de chansons et de poésie accompagnée de musique. Il réalise aussi des courts métrages, y compris des vidéos de certaines de ses compositions. ... more
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