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Et je d​é​ambulais une fois de plus (album)

by Jean Perron

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1.
JUSTE POUR EFFRAYER LE DANGER comme flottent des duvets dans l’air de juin et des flocons dans l’air de décembre des instants hésitent on dirait entre rester en suspens et retomber avec la poussière l’incertitude est dans l’air du temps et pourtant les saisons retrouvent leurs repères dans la marche des jours et l’envol des nuits quand tout se tait et respire un peu mieux un oiseau entonne un air j’en fais autant sur une guitare rester tout en ne faisant que passer passer sans vraiment partir chanter juste pour effrayer le danger
2.
PRENDRE L’AIR à l’oreille du soir qui vient murmurent quelques rares voitures la noirceur serre le soleil dans ses bras rien ne m’appelle à l’horizon le printemps réside en moi nous faisons quelques pas ensemble je rentre mes mains dans les poches de mon manteau pas pour me réchauffer mais pour ralentir marcher au rythme des lueurs celles qui s’éteignent avec le jour celles qui apparaissent avec la nuit au rythme surtout des plus incertaines et des plus belles des lueurs celles de l’espoir
3.
LES PÂQUES À NEW YORK (EXTRAITS) 1 Seigneur, c’est aujourd’hui le jour de votre Nom, J’ai lu dans un vieux livre la geste de votre Passion, Et votre angoisse et vos efforts et vos bonnes paroles Qui pleurent dans le livre, doucement monotones. Je connais tous les Christs qui pendent dans les musées; Mais Vous marchez, Seigneur, ce soir à mes côtés. Je descends à grands pas vers le bas de la ville, Le dos voûté, le coeur ridé, l’esprit fébrile. Votre flanc grand-ouvert est comme un grand soleil Et vos mains tout autour palpitent d’étincelles. C’est à cette heure-ci, c’est vers la neuvième heure, Que votre Tête, Seigneur, tomba sur votre Coeur. 2 Je suis assis au bord de l’océan Et je me remémore un cantique allemand, Où il est dit, avec des mots très doux, très simples, très purs, La beauté de votre Face dans la torture. Peut-être que la foi me manque, Seigneur, et la bonté Pour voir ce rayonnement de votre Beauté. Faites, Seigneur, que mon visage appuyé dans les mains Y laisse tomber le masque d’angoisse qui m’étreint. Faites, Seigneur, que mes deux mains appuyées sur ma bouche N’y lèchent pas l’écume d’un désespoir farouche. Je suis triste et malade. Peut-être à cause de Vous, Peut-être à cause d’un autre. Peut-être à cause de Vous. 3 Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice Est ici, parquée, tassée, comme du bétail, dans les hospices. D’immenses bateaux noirs viennent des horizons Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons. Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols, Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols. Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens. On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens. C’est leur bonheur à eux que cette sale pitance. Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance. Hélas! Seigneur, Vous ne serez plus là, après Pâques! Seigneur, ayez pitié des Juifs dans les baraques. 4 La rue est dans la nuit comme une déchirure, Pleine d’or et de sang, de feu et d’épluchures. Ceux que vous aviez chassés du temple avec votre fouet, Flagellent les passants d’une poignée de méfaits. Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort, Où s’est coagulé le Sang de votre mort. Les rues se font désertes et deviennent plus noires. Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs. J’ai peur des grands pans d’ombre que les maisons projettent. J’ai peur. Quelqu’un me suit. Je n’ose tourner la tête. Je descends les mauvaises marches d’un café Et me voici, assis, devant un verre de thé. 5 Je suis seul à présent, les autres sont sortis, Je me suis étendu sur un banc contre le mur. J’aurais voulu entrer, Seigneur, dans une église; Mais il n’y a pas de cloches, Seigneur, dans cette ville. La joie du Paradis se noie dans la poussière, Les feux mystiques ne rutilent plus dans les verrières. L’aube tarde à venir, et dans le bouge étroit Des ombres crucifiées agonisent aux parois. C’est comme un Golgotha de nuit dans un miroir Que l’on voit trembloter en rouge sur du noir. Des reflets insolites palpitent sur les vitres… J’ai peur, — et je suis triste, Seigneur, d’être si triste. 6 Seigneur, l’aube a glissé froide comme un suaire Et a mis tout à nu les gratte-ciels dans les airs. Déjà un bruit immense retentit sur la ville. Déjà les trains bondissent, grondent et défilent. Les métropolitains roulent et tonnent sous terre. Les ponts sont secoués par les chemins de fer. La cité tremble. Des cris, du feu et des fumées, Des sirènes à vapeur rauques comme des huées. Une foule enfiévrée par les sueurs de l’or Se bouscule et s’engouffre dans de longs corridors. Trouble, dans le fouillis empanaché des toits, Le soleil, c’est votre Face souillée par les crachats.
4.
LA PATIENCE DU SOLEIL les vélos passent moins proche beaucoup moins proche ces jours-ci quand ils arrivent derrière moi mais laissent parfois une odeur humaine un instant dans tout ce qu’exhale le printemps des oiseaux chantent en toute quiétude une ambulance les rappelle à l’ordre j’ai un pied dans la douceur de vivre et l’autre qui saigne avec le monde je longe un boisé porteur de renaissance et si le vent est encore un peu froid le soleil invite à la patience sa lumière ruisselle entre les branches comme l’eau et le savon entre mes doigts à mon retour à la maison
5.
Chez moi 03:15
CHEZ MOI dans le halo des derniers feux du couchant avec un bruit familier des camions nettoient les rues comme à chaque printemps quelque chose d’apaisant se glisse dans l’air au-dessus des toits la lune des fleurs éclot la fuite du temps emporte tout même les plus grands malheurs par une fenêtre éclairée sortent des voix des esquisses de dialogues des mots qui se cherchent une musique sur la portée des trottoirs et des astres pendant que les camions vont et viennent je vis dans l’œil des joies balayées des meilleures chances semées à tous vents je n’entre pas dans les cases des formulaires je suis le patient zéro de l’émerveillement
6.
LA NUIT RÊVE DANS LES BRAS D’UN ARBRE je jette un coup d’œil dans la chambre le jeune garçon dort paisiblement sous le plafond étoilé dehors la nuit rêve dans les bras d’un arbre et des derniers rayons du soleil les réverbères ont pris le relais pour caresser les feuillages et éclairer les pas les rues lavées deviennent les miroirs des astres je vois scintiller des jours à venir dans les fissures de l’asphalte et les rides de l’eau le pollen se mêle aux nuages effilochés ce monde n’est pas qu’éclosions de maladies des tiges émergent des parterres cultivés
7.
LA MUSIQUE D’UN REGARD les feuillages dégoulinaient de lumière la rivière coulait sans se presser les vieilles pierres discutaient architecture avec leurs soeurs plus modernes et je déambulais une fois de plus comme si j’allais vraiment quelque part d’autre comme si ailleurs n’était pas précisément ici à chaque pas dans le mouvement même de la vie je l’ai aperçue sur un banc elle tenait un bambin debout sur ses genoux petits gestes attentifs pour le protéger de la fraîcheur du vent elle ajustait ses vêtements l’enfant se laissait habiller en battant lentement des paupières je la regardais faire et je souriais en marchant elle l’a senti et a levé les yeux la douceur pâle de son visage l’eau claire de son regard spontané son sourire a fait un bond vers mes lèvres avec la grâce et l’innocence d’un chevreuil traversant la rue en plein coeur de la ville
8.
LOUPS DE DÉCEMBRE je suis un fantôme en chair et en os seul comme les grands hommes et les vagabonds parmi ces passants qui ont l’air d’avoir perdu quelque chose en déambulant sur les trottoirs du temps je nous aperçois attablés devant une chandelle par la vitrine de l’hôtel existence le reste de la salle est vide mais les anges prennent des notes dans leurs calepins par-dessus l’épaule du soir petites araignées de lumière suspendues au fil d’un rêve d’autres passants leurs pas leurs silhouettes leurs visages se rapprochent puis s’évanouissent dans la pénombre sonore un chat blanc traverse la rue en courant les voyous donnent le sein aux ombres des rois les yeux aussi rouges que les feux automobiles hurlent les loups de décembre la faune des nuits les plus longues de l’année

about

ET JE DÉAMBULAIS UNE FOIS DE PLUS

« j’ai un pied dans la douceur de vivre
et l’autre qui saigne avec le monde »

Pour terminer l’année, j’ai regroupé huit de mes compositions, dont sept parmi celles qui ont été publiées au fil des saisons depuis le printemps dernier. La pièce inédite qui ouvre l’album, « Juste pour effrayer le danger », tire son titre d’un conseil souvent donné aux adeptes de randonnées en forêt. On recommande de se mettre à chanter si on croise un animal qui peut devenir dangereux, en particulier un ours. Mais les pires dangers ne sont pas nécessairement en forêt, ils sont partout et sont même devenus plus angoissants dans nos villes en état d’alerte sanitaire. Chanter en marchant ne protège sans doute pas de grand-chose, mais c’est une bonne consigne à suivre pour au moins rester de bonne humeur.

Comme souvent dans ma poésie, il est beaucoup question, dans ce recueil de compositions, de « la marche des jours », de faire « quelques pas ensemble », et même de se promener « sur la portée des trottoirs et des astres ». Je crois donc que le titre « Et je déambulais une fois de plus » reflète bien cet ensemble de textes qui peuvent être écoutés en continu avec la musique qui les accompagne ou lus et écoutés séparément en cliquant sur chaque titre.

C’est un court album d’une durée totale d’un peu moins d’une demi-heure. J’ai utilisé plus d’une douzaine de guitares, y compris trois basses, et ici et là des claviers, de l’harmonica, du mélodica, du glockenspiel, du djembé et, bien sûr, ma voix. Je joue et enregistre tout moi-même, piste par piste, comme un peintre crée une toile par touches successives. J’ajoute aussi une photo à chacune des compositions que je mets en ligne. Tous les textes et toutes les musiques sur cet album sont de moi, sauf le texte de « Les Pâques à New York », composé d’extraits que j’ai choisis dans le célèbre poème de Blaise Cendrars qui porte ce titre.

Bonne promenade du temps des Fêtes dans mes mots et ma musique, si le cœur vous en dit.

credits

released December 22, 2020

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Jean Perron Québec

Écrivain, musicien et artiste visuel, Jean Perron a publié 24 livres en plus de créer entièrement plusieurs albums de pièces instrumentales, de chansons et de poésie accompagnée de musique. Il réalise aussi des courts métrages, y compris des vidéos de certaines de ses compositions. ... more

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